« Une déception, même quand on n’attend rien. » C’est par ces mots que la Coopérative des élu·e·s réprésentée par Gilles Leproust, maire d’Allones (72) et président de l’association Ville et Banlieue, Philippe Rio, maire de Grigny (91) et président de la Coop et Parice Leclerc, maire de Gennevilliers (92), résume la teneur du Comité interministériel des villes (CIV) tenu à Montpellier vendredi 6 juin. Réunis autour du Premier ministre et d’une dizaine de ministres, les participant·e·s ont assisté à une nouvelle démonstration de renoncements face à l’urgence sociale dans les quartiers populaires.
« Beaucoup de paroles influencées par l’appel d’Épinay-sous-Sénart des associations d’élu·e·s… mais peu d’actes. » Philippe Rio
Un ton paternaliste, des annonces sans moyens
Le discours d’ouverture du Premier ministre prônant « la volonté politique en période de disette budgétaire », a donné le ton. Face à ce discours lénifiant, les élu·e·s de la Coop dénoncent « une pédagogie du renoncement » et rappellent que les coupes dans les recettes de l’État — au profit des plus riches — sont une responsabilité politique assumée par les gouvernements successifs. Face à cela, ils rappellent que d’autres choix sont possibles : des recettes fiscales ciblées permettraient de dégager jusqu’à 50 milliards d’euros, selon les propositions portées par les député·es du Nouveau Front Populaire.
Des mesures à côté de la réalité
Alors que les annonces gouvernementales visent à « résorber les inégalités sociales chez les enfants et les jeunes », la Coopérative s’interroge : avec quels moyens ? Comment doubler la scolarisation des enfants de moins de trois ans dans les quartiers sans personnel enseignant ? Comment parler de soutien aux associations quand les subventions 2025 ne sont toujours pas versées ?
« C’est la double peine : baisse des ressources du droit commun et baisse des crédits politiques de la ville. »
La Coopérative souligne également l’absence de réponses concrètes sur plusieurs sujets urgents : réhabilitation énergétique des logements, soutien à la culture et au sport, pérennisation du programme ANRU, pourtant largement demandée par les collectivités.
Une dette sociale envers les quartiers populaires
Face aux limites budgétaires avancées par le gouvernement, les élu·e·s rappellent qu’il existe une dette sociale de la République envers les quartiers populaires, leurs habitant·e·s, les associations et les jeunes. Elles et ils appellent à un changement de cap politique : « Les quartiers sont la solution, pas le problème. »
Mobilisation en faveur d’une ANRU 3
À la suite de ce CIV manqué, la Coop a tenu la tribune des journées nationales de l’ANRU les 11 et 12 juin et fait remonter les attentes du terrain. La ministre du Logement Valérie Létard a dû concéder des annonces : des crédits plus de deux fois supérieurs aux 50 millions d’euros versés par l’Etat en 2025 mais qui restent bien en dessous des 270 millions d’euros réclamés par L’Anru. La ministre du logement a également annoncé une mission de préfiguration pour un ANRU 3 ! Pour les élus locaux, partenaires, collectivités territoriales, services de l’Etat, bailleurs sociaux, habitants, responsables associatifs, chercheurs, c’est une victoire au moment où dans le débat public, on veut opposer les classes populaires des tours et des bourgs !

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