Le 13 mars 2025, la Maison des Arts et de la Culture d’Épinay-sous-Sénart a accueilli le rassemblement national intitulé « Les villes, les quartiers : cœurs de la République ». Organisé par les associations du bloc communal (Association des Petites Villes de France, Association des Maires d’Île-de-France, Association des Maires de France, France Urbaine, Intercommunalités de France et Ville & Banlieue de France), cet événement a réuni des maires venus de toute la France, des ministres, des parlementaires, ainsi que des représentants associatifs et sportifs. Tous ont interpellé le gouvernement sur la nécessité d’une politique plus ambitieuse en faveur des quartiers prioritaires.
À l’issue de cette journée, les participants ont adopté l’Appel d’Épinay-sous-Sénart, un texte qui alerte sur la situation budgétaire critique des communes et le risque d’extinction de la politique de renouvellement urbain, alors même que les inégalités territoriales se creusent. « Nos associations souhaitent interpeller le gouvernement et renouveler leurs attentes sur la méthode et les contenus des futures politiques de la ville et de cohésion sociale et urbaine. Nous faisons face à une situation budgétaire et financière critique pour nos communes et intercommunalités, et sans perspectives d’amélioration. »
Des revendications récurrentes, toujours sans réponse
Parmi les principales revendications de l’Appel :
- Un suivi renforcé des financements publics alloués aux quartiers prioritaires.
- Des mesures concrètes pour garantir un accès équitable à l’éducation, au sport et à la culture.
- Un plan d’urgence pour améliorer les conditions de vie (santé, emploi, lutte contre la précarité).
- Un soutien renforcé au renouvellement urbain et au logement social.
- Une fiscalité adaptée aux territoires les plus en difficulté.
En présence de figures politiques telles que Juliette Méadel (ministre de la Ville), Valérie Létard (ministre du Logement) et Patrice Vergriete (président de l’ANRU), cette journée s’est clôturée par un discours vibrant de Jean-Louis Borloo, appelant à un engagement fort et durable de l’État.
Huit ans après Grigny, où en est-on ?
L’Appel d’Épinay-sous-Sénart intervient huit ans après l’Appel de Grigny, lancé en 2017 à l’issue des États généraux de la politique de la ville. Ce dernier dénonçait déjà l’abandon des quartiers populaires et appelait à un plan d’urgence pour remédier aux inégalités croissantes. En 2023, à l’occasion des 40 ans de l’association Ville & Banlieue, l’Appel de Lyon avait de nouveau mis en lumière le manque de vision politique de l’État en matière de politique de la ville. Pourtant, les réponses du gouvernement restent insuffisantes.
D’année en année, les mêmes constats s’imposent : les financements manquent, les services publics disparaissent et les collectivités se retrouvent seules face aux défis sociaux et économiques de leurs territoires. Malgré les engagements réitérés, les maires des villes populaires peinent à obtenir les moyens nécessaires pour répondre aux attentes de leurs habitants.
Un nouvel appel sera-t-il entendu ?
L’Appel d’Épinay-sous-Sénart rappelle avec force que la politique de la ville ne peut être un simple affichage électoral. Il s’agit d’un enjeu de justice sociale, de cohésion républicaine et de stabilité démocratique. Sans réponse rapide et concrète de l’État, les fractures territoriales continueront de se creuser, menaçant l’égalité des citoyens face aux services essentiels.
Huit ans après Grigny, deux ans après Lyon, et maintenant avec Épinay-sous-Sénart, combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que les quartiers populaires cessent d’être les éternels oubliés des politiques publiques ?