Pourquoi les propositions d’économies portées par Bayrou sont inquiétantes pour les collectivités et injustes socialement.
Le 15 juillet dernier, dans une allocution intitulée Le moment de vérité, François Bayrou a confirmé la trajectoire d’austérité budgétaire du gouvernement. Derrière les formules solennelles, un plan de 44 milliards d’euros d’économies a été présenté. Il repose sur une logique de sacrifices pour le plus grand nombre, sans remise en cause des avantages fiscaux consentis aux plus fortuné·e·s. Pour les collectivités, les conséquences sont immédiates et lourdes.
1. Qui paie le prix de l’austérité annoncée ?
Au cœur de l’été, François Bayrou persiste et signe : 44 milliards d’euros d’économies sont annoncés, en protégeant les plus riches. Ce sont les collectivités qui seront particulièrement visées : 5,3 milliards d’euros de coupes dès 2026. Une réduction qui s’ajoute à des pertes de recettes massives depuis des années, en raison de la suppression de l’ISF, de la flat tax sur le capital, de la baisse de l’impôt sur les sociétés – soit 31 milliards d’euros par an depuis 2017. Pendant ce temps, 211 milliards d’euros d’aides aux entreprises sont distribuées sans condition ni contrôle, comme le rappellent les travaux du Sénat et du groupe CRCE-K. Le déficit n’est pas une fatalité, mais le résultat de choix politiques, au service des plus favorisé·e·s.
2. Quel impact pour les collectivités et les services publics ?
Pour les communes et intercommunalités, c’est une double peine : baisse des dotations et hausse des charges. Outre les 5,3 milliards annoncés, d’autres dispositifs font craindre jusqu’à 10 milliards d’euros d’efforts imposés : reconduction du dispositif DILICO, ponctions sur la CNRACL, écrêtement de la compensation de TVA, suppression partielle de dotations d’investissement. Résultat : chute de l’investissement local, blocage des projets publics, recul de l’action municipale dans la santé, la culture, le logement, le sport, ou la politique de la ville. Les collectivités devront aussi compenser le non-renouvellement d’un tiers des fonctionnaires d’État, affectant des services essentiels comme la police.
3. Une politique inévitable ?
Non. Le gouvernement fait le choix de l’austérité, alors que d’autres options existent. Il pourrait remettre à plat les aides aux entreprises, rétablir l’ISF, appliquer une fiscalité sur les grandes fortunes (taxe Zucman), et investir dans les besoins réels du pays : services publics, planification écologique, recherche, industrie, collectivités. Au lieu de cela, l’État prépare une régulation des financements locaux sous l’inflation, tout en supprimant des agences publiques indispensables (ADEME, ANRU) et en abandonnant les communes face à la pauvreté grandissante. Si ces choix sont confirmés, le Parlement devrait exercer pleinement ses responsabilités et envisager une motion de censure. Parce qu’il y a urgence à reconstruire une souveraineté utile à toutes et tous.









